XS 650

Chroniques d’un Dompteur de Trapanelles

GEP, de la monoplace au sidecar

En 1971 apparaît le premier panier français en polyester. Véritable succès à l’époque, ce joli panier permet même à GEP de revendiquer un moment la place de premier constructeur européen.

GEP est créé suite à un drame. En juin 1970, le pilote Denis Dayan se tue à bord de sa monoplace GRAC MT11-001. Le groupe fondateur de GRAC se dissous et Serge Granjon (le G de GRAC) se lance dans les sidecars avec Eynard et Pipo.

GRAC était une écurie de course créée dans les années 60 à Valence. Cette équipe produira en 10 ans, 110 monoplaces réputées malgré des moyens très limités.

Comme GRAC, GEP nait également à Valence. Et en 1971 apparait le premier panier en polyester français. Plus tard baptisé Type 600, cette coque arbore fièrement un museau rappelant celui des monoplaces de l’époque. Comme un rappel du passé mais également pour afficher clairement ses prétentions : un panier moderne et sportif. Et jusqu’à aujourd’hui, ce nez n’a pas été copié et reste la signature de GEP.

De ses antécédents dans la conception de F3, GEP a apporté quelques évolutions bienvenues à l’époque en prenant le marché à contrepied. Dans les années 70, les fabricants proposaient des paniers confortables, volumineux et lourd. On ne pouvait atteler que de grosses cylindrées.

Un panier très joueur

GEP a baissé le centre de gravité de son panier et en le couplant à une petite roue de 10 pouces et un amortissement assez raide. Avec un poids de seulement 65 kg, le GEP pouvait tout à fait être attelé à des moyennes cylindrées, de 400 ou 500 cc. Ces simples ajustements confèrent à l’attelage une excellente tenue de route et un comportement très sain dans les courbes. Par contre, pour vraiment profiter, un passager est nécessaire car si la conduite sans passager ne pose pas de souci en mode tourisme, dès qu’on hausse le ton, on sent bien que le panier est très léger.

GEP sur Moto Guzzi

GEP n’équipe pas ses attelages de fourche à balancier et d’amortisseur de direction. Ça peut paraître étonnant mais compte tenu du faible poids du panier et de ses qualités dynamiques, emmener un attelage GEP ne demande pas un gros investissement physique. Tant qu’il est bien monté et réglé bien sûr.

Niveau habitabilité, on sent également l’apport de la monoplace : l’amortissement est raide, la mousse du siège d’origine est quasi-inexistante : la vie à bord est spartiate. Une simple caisse sans capitonnage et un siège qui rend douloureux tout long voyage. Le panier est néanmoins suspendu au châssis par 2 amortisseurs de mobylette. Pour éviter trop de louvoiement, une barre stabilisatrice était là pour limiter les mouvement latéraux. Finalement GEP a conçu un panier ludique. Pas fait pour voyager mais fait pour profiter. Il a ouvert la porte aux paniers de tourisme sportifs. Mais en y regardant bien, il y a eu très peu de modèles aussi léger et fun.

A partir de 1975, le panier subit une légère évolution en n’étant plus moulé d’un seul bloc mais désormais en 2 parties rivetées. L’arrière du panier évolue un peu et GEP abandonne la jante à flasque vissée pour une roue de remorque très (trop) classique. Avec un catalogue d’option assez fourni, on trouve également des paniers freinés, avec un porte paquet avant, une sellerie plus confortable.

Au-delà des qualités de son panier, GEP a également pu compter sur son revendeur parisien, Charles Krajka, qui a beaucoup fait pour la renommée de la marque en proposant des adaptations et montages plus élaborés. Ainsi, Krajka proposera une grande roue pour améliorer le confort. Si dans cette configuration, le GEP perd en stabilité, il est bien plus apte à traverser la France.

GEP proposa d’efficaces chassis de compétition

GEP réalisa également des châssis de side-car de course. S’il est difficile de connaitre le nombre exact, certains tournent encore en course classique ou course de côte.

Chassis GEP – moteur 750 Suzuki – 1976 – Cédric JANODET

Nous avons aussi des traces du Type 3000, complètement couvert, qui ressemble à un oeuf. Très peu d’exemplaires ont dû sortir de l’atelier. Ce sont les petits paniers GEP 1 place qui sont passés à la postérité dans le petit monde du side-car.

GEP produisit des side-car jusqu’au début des années 80.

Après GEP, Serge Granjon créa quelques répliques de Lotus Seven avec différentes motorisations. Il réutilisera ainsi la marque GRAC, abandonnée depuis quasiment 10 ans. La boucle fût bouclée.

Et aujourd’hui ?

Trouver un panier GEP aujourd’hui n’est pas très compliqué. Dételés, il y en a régulièrement à vendre sur Internet, à des prix très raisonnables. On en voit aussi sur des moyennes et petites cylindrées.

Le souci principal de ce panier est le vieillissement des peintures et du polyester. Généralement, les GEP à vendre (qu’ils soient attelés ou non) sont très fatigués et marqués par les années. Par contre, ils ont l’avantage d’être facilement réparable.

Les paniers GEP se trouvent facilement sur le net mais ils demanderont à être restauré pour retrouvé de leur superbe.

Avec l’intérêt croissant pour le side-car classique à grande roue (en opposition avec les side-cars modernes), trouver un attelage GEP est un choix logique. Si son look, éloigné des standards vintages, n’en fait pas forcement un premier choix, il apporte quand même une touche un peu crapule.

Le morceau d’Histoire du side-car français qu’il représente, additionné à son comportement très sympa en fait un incontournable du side-car vintage léger.


Publié

dans

par

Étiquettes :